Roger Gbégnonvi : une perte immense pour l’IPEDEF

Dans la nuit du 12 au 13 juillet 2023, tel un coup de tonnerre dans un ciel serein, la terrible nouvelle du décès inattendu de notre ami, pilier de l’Institut Pédagogique d’Etude et de Développement de l’Ecrit en Fongbé (IPEDEF) nous a assommés, laissés sans voix, l’incrédulité devant, quelques heures plus tard, céder hélas la place à la terrible et foudroyante réalité : une chute fatale, du haut des marches menant à sa prestigieuse bibliothèque nous prive désormais d’un grand homme comme l’ont souligné tant et tant de témoignages.

Si Roger n’a été qu’épisodiquement ministre de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues Nationales au Bénin, c’est depuis ses années d’études secondaires au séminaire de Ouidah qu’il se passionnait pour sa langue maternelle, le fongbé. Le Père Michel Dujarier qui nous a quittés en janvier dernier et à qui il a rendu un vibrant hommage pour son engagement dans la défense et l’illustration de la langue fon(cliquer ici), le Père Jean Rassinoux qui vient à son tour de nous quitter en ce mois d’août 2023  (cliquer ici), tous les deux ont trouvé dans la personne du jeune Roger Gbégnonvi un informateur de grande qualité pour les ouvrages qu’ils ont produits sur la langue fon et qui resteront à jamais de véritables outils didactiques et pédagogiques.

On a généralement retenu de l’homme que l‘enseignant d’université et le militant de la société civile, fidèle observateur sans concession de la société béninoise et de l’Afrique en général. Mais pour l’IPEDEF, Roger Gbégnonvi restera ce militant qui, dès les années 1979, depuis le Canada et l’Allemagne, s’est engagé aux côtés de jeunes doctorants africains à Paris qui militaient pour la promotion des langues africaines au sein de l’association Binndi e Jannde. Roger Gbégnonvi assurait régulièrement la traduction en langue fon des éditoriaux de la revue du même nom et produisait des textes qu’il écrivait lui-même dans sa langue maternelle fon, à une époque où n’existait ni ordinateur ni machine à écrire adaptée, et qu’il fallait solliciter de quelques fabricants spécialisés qu’il soit ajouté à nos machines à écrire ordinaires les caractères et autres signes diacritiques spécifiques à la graphie de nos langues africaines. C’était l’héroïque temps des pionniers !

Il nous plaît ici, de ne retenir et de vous offrir, parmi tant et tant d’hommages enregistrés à l’occasion du décès de notre collaborateur et co-fondateur, que l’émouvante marque de sympathie, d’affection et de reconnaissance que lui a exprimée, au lendemain des obsèques, le talentueux Daa Gbehanzin, alias Arnold Gbéhanzin dans sa revue de presse du 27 juillet 2023, tout entière consacrée à l’illustre disparu. Les locuteurs de la langue fon pourront écouter l’enregistrement de cet hommage en cliquant ici, ou en lire la transcription intégrale dans le texte, en cliquant ici ; ils apprécieront au passage la pauvreté de la traduction française, pauvreté qui au demeurant montre à souhait la prodigieuse richesse de la langue fon de Daa Gbehanzin.

Roger Gbégnonvi aura marqué l’IPEDEF par son incommensurable contribution. Nous lui en serons à jamais redevables.

Jean-Norbert VIGNONDÉ